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#MakeNews, vers un Hashtag militant et fédérateur contre les #FakeNews ?

Virus mondial, attaquant notre cerveau, nos sens, abimant nos libertés qui plus est : le #fakenews virus… La propagation de fausses nouvelles, la désinformation, la rumeur. Et ce, plus que jamais, à l’heure du digital, des influenceurs, des « opinions makers » sortis parfois de nulle part. D’où l’importance que tous les acteurs de l’information, de la presse et des médias, des relations publics travaillent résolument à élaborer et diffuser une information qualifiée, fiable, sourcée, vérifiée, vérifiable et donc opposable. Ce #Makenews against #FakeNews n’est-il pas devenu une nécessité démocratique urgente ? Qui peut encore dire aujourd’hui qu’il sera à jamais épargné par des crises économiques, sociales, réputationnelles, environnementales, judiciaires... ?

Pour y parvenir, encore faut-il s’interroger et comprendre comment nous en sommes arrivés là. Et comment il convient de s’adapter à ces mutations structurelles du monde de l’information et de l’influence. Sans bruit, les révolutions technologiques et les nouveaux comportements d’une opinion publique atomisée autant que communautarisée, mondialisée et culturellement plus diverse que jamais ont remis en cause notre modèle de production de l’information et notre rapport de citoyen à son propos.

Qu’est-ce qu’une #FakeNews ?

Il existe deux types de #FakeNews : les vraies fausses informations ou informations mensongères authentiques ; par #Fakenews s’entendent aussi ces publications écrites, audio ou vidéos qui se donnent les apparences d’une actualité réelle mais à visée parodique, ou satyrique telles celles que l’on peut identifier sur un site comme legorafi.fr.
Bien sûr les fausses informations ont jalonné l’Histoire de la presse et des médias et sont consubstantielles aux libertés de la presse, de pensée et d’opinion. Leur revers. L’enjeu des #FakeNews a gagné néanmoins en popularité et en tension depuis que ce hashtag a été « institutionnalisé » aux États-Unis par les tweets du Président Trump. La crise en cours de la Covid19 lui a donné une portée plus grande encore. Avec des multitudes d’informations contradictoires et de rumeurs qui ont induit une défiance croissante dans l’information.
Ce virus de la #FakeNews a même muté en ce concept étrange d’« information alternative » : à toute information, même la plus professionnelle, fiable, crédible, sourcée, démontrée qui soit, correspondrait par équivalence une « autre information », émanant d’autres sources, d’autres médias, d’autres communautés digitales… Il n’y aurait donc plus de vérité de l’information qui tienne mais des opinions et des contre-opinions, des faits et des contrefaits. L’information telle que nous l’entendons au sens traditionnel ne serait plus évaluée selon le scepticisme cartésien de mise en perspective mais systématiquement dévaluée et déclassée du statut de vérité attestée mais provisoire -c’est le propre de toute information- à un vraisemblable possible parmi d’autres, voire à une probable invraisemblance.
Au final, entre information et « information alternative », la plus diffusée, la plus discutée, la plus relayée, souvent n’est pas la plus crédible mais la plus populaire, celle qui se propage le plus vite, auprès du plus grand nombre.

Pourquoi les #Fakenews sont-elles aujourd’hui plus nombreuses et plus impactantes ?

C’est le produit d’une conjonction de facteurs généralisés à peu près partout dans le monde, à commencer, ce qui est frappant, dans les pays où règnent démocratie, État de droit et donc liberté de la presse mais aussi des systèmes éducatifs structurés et établis.
La première cause des #FakeNews provient structurellement des médias d’information eux-mêmes qui sont justement des entreprises presque comme les autres, avec des objectifs de ventes, d’audience, à l’origine du niveau de leurs recettes publicitaires. Or, dans un contexte de baisse structurelle de ces audiences et de ces recettes, de moins en moins de médias ont les moyens de produire une information toujours fiabilisée.
La baisse structurelle de la profitabilité des entreprises de presse a imposé des réductions de coûts de production de l’information dans les médias traditionnels : suppressions d’emplois, sous-traitance, rajeunissement des rédactions, réduction des moyens pour enquêter et réaliser des reportages au profit de l’info-plateau-blabla sur les médias continus...

Deuxième cause de propagation des #FakeNews, évidemment, les réseaux sociaux sur lesquels la popularité et le sensationnalisme l’emportent sur tous les autres critères pour légitimer une « information » pour peu qu’elle soit vraisemblable. Au point que des agences spécialisées en e-réputation et commanditées par des non moins sérieuses entreprises, organisations et leaders d’opinion travaillent à diffuser des « informations alternatives » ou bien robotisent les « commentaires » et « likes » à l’avantage de leurs clients pour influencer leurs parties prenantes ainsi que l’opinion publique.

Ces actions d’influence et de désinformation sur les médias sociaux capitalisent sur les travers et les faiblesses de tout Être humain. Premièrement, notre aptitude à privilégier les informations qui confirment nos opinions et à ne pas identifier, encore moins à retenir, celles qui les mettent en doutent, voire les contredisent. C’est ce que des chercheurs Québécois appellent le « biais de confirmation ». Les réseaux sociaux ont même technicisé ce panurgisme en l’intégrant au cœur de leurs algorithmes de « personalized search » pour nous suggérer sur nos « fils d’actualité » personnalisés les informations qui nous font le plus réagir, donc que nous préférons, donc que nous espérons, donc que nous attendons... Tant pis s’il s’agit de fake news, pourvu qu’on ait l’ivresse… de croire qu’on a raison ! Vive la Uber-information… Selon une étude du Massachussets Institute of Technologies de Boston (EUA) publiée en 2018 dans le journal Science, une #FakeNews a 70 % de chance supplémentaire par rapport à une information réelle d'être retweetée.
L’appartenance à des communautés digitales amplifient le phénomène : plus on est actif, plus on cherche à trouver des profils similaires au sien avec lesquels l’on partage des informations, vraies ou fausses, pourvu qu’elles confortent les idées et valeurs dominantes de notre communauté et notre engagement comme notre appartenance à celle-ci. Mieux vaut avoir tort ensemble que de prendre le risque insupportable d’avoir raison, seul contre tous !
Tout cela étant dit, cocasse alors de constater notre schizophrénie : toutes les études, à commencer par celle du Reuters Digital News Report de 2020, convergent pour attester d’une perte générale et continue de crédit de l’ensemble des sources d’information et des médias auprès de leurs audiences partout dans le monde. Mais que tout de même, les médias traditionnels à commencer par les plus anciens (radio et presse écrite) restent les moins mis à mal par ce discrédit. Tandis que les moins crédibles des médias sont de très loin les réseaux sociaux. Or où la majorité de ces mêmes sondés vont-ils s’informer le plus et en priorité ? Sur les médias sociaux pardi ! Et pas sur les profils des médias traditionnels. Non. Sur tous les comptes de leurs communautés ou qui leurs sont accessibles.

Pour aller encore plus loin, rendez-vous la semaine prochaine pour poursuivre la réflexion sur le sujet !

Rédaction : Raphaël Eulry - Directeur stratégie chez plus2sens