Comment lutter contre les #FakeNews ?
Soyons réalistes, il y aura encore et toujours plus de #FakeNews à l’avenir, d’autant que l’information est devenue l’un des nouveaux champs de bataille entre les Grandes puissances pour influencer les opinions publiques et jusqu’aux élections elles-mêmes. Toutefois, quelques actions concrètes permettent de lutter contre tout fatalisme et pessimisme excessifs. Pour peu que médias, agences de presse, agences de relations presse, annonceurs, nous devenions collectivement et à notre échelle des militants convaincus que défendre l’information est un enjeu de défense de nos libertés fondamentales, un enjeu universel et au final civilisationnel.
La priorité en revient aux médias eux-mêmes qui devraient à tout prix réitérer la spécificité de leur rôle dans l’information pluraliste, libre et transparente, fondée sur la rigueur de la méthode journaliste de vérification des faits auprès de plusieurs sources d’une part et la protection desdites sources évidemment. Ce qui doit interroger sur le cas singulier des réseaux sociaux qui eux sont factuellement exonérés de ces mêmes règles journalistes.
Certes, les critiques contre eux contraignent Facebook, Twitter et leur comparse à plus de vigilance et à plus de sévérité quant à la modération des comptes ; ils ont récemment supprimé des profils promouvant des #FakeNews à caractère politique, voire raciste, complotiste, homophobe, spéciste… mais est-ce suffisant et ne peut-on pas les contraindre par la Loi à aller plus loin ? Ce qui n’est pas non plus sans poser la question de savoir si c’est bien le rôle de l’Etat que de déterminer ce qu’est un média à supprimer et ce qu’est ou non une #FakeNews…
Cela passe aussi par plus d’exigence dans les rédactions sur les manières de traiter les sujets en les contextualisant davantage afin de donner plus de clés de compréhension et de décryptage à leurs audiences. Cela ne passerait-il pas aussi par la reconnaissance de l’erreur quand elle a été commise ? Après tout, l’information n’est pas moins humaine et donc soumise au même risque d’erreur de bonne foi que toute autre activité humaine ?
Cela passe aussi dans les rédactions à mieux maîtriser le rapport au temps, à l’instantanéité, au direct, à la primeur du scoop aussi. Faut-il aller jusqu’à la slow information, l’anti-modèle de la presse, l’information face à l’actualité ? D’aucun s’y sont essayé avec succès mais est-ce vraiment généralisable ? Sans compter que ce type de journalisme ne convainc pas tout le monde, à commencer par ceux qui se détournent de l’information et cèdent plus facilement aux #FakeNews.
Se donner une chance de lutter contre les #FakeNews, c’est accepter et défendre le principe qu’une information de qualité a un coût de production élevé et qu’à ce titre, il faut accepter de payer le juste prix d’une information de qualité, à fortiori quand elle est exclusive et stratégique. Autrement dit, gratuité et fiabilité de l’information sont antinomiques. Les médias classiques sont d’ailleurs revenus de leur tentative du tout digital et du tout gratuit dont le journal Libération a failli mourir il y a quelques années et paie encore l’addition… Pire encore, la gratuité a-t-elle décrédibilisé les médias qui se sont jetés à corps perdus dans ce modèle. Les audiences font plus confiance à une information payante et sont prêtes à payer pour l’obtenir. Cela vaut depuis longtemps dans la presse professionnelle. Des professionnels, des dirigeants d’entreprise de certains secteurs s’abonnent volontiers à des newsletters très chères, pourvu qu’elles leur apportent des informations premium, utiles à leur développement, à leur stratégie, à leurs décisions. Ne peut-on pas espérer qu’une tendance s’empare de l’opinion publique pour une acceptation semblable envers l’achat d’information émanant de médias généralistes ? Il semblerait que les comportements et les esprits aient évolué dans ce sens. Pourvu qu’il s’agisse d’une tendance de fond…
Nous l’avons dit précédemment, la reprise in extenso de communiqués de presse par les médias est une pratique répandue. Dès lors, aux agences de relations presse de prendre leur part dans ce combat contre les #FakeNews. Sachant qu’il devient leur nouvelle responsabilité vis-à-vis de l’opinion publique et des audiences cibles, n’est-ce pas à elles aussi de faire en sorte que leur travail soit aussi œuvre utile dans ce combat pour le pluralisme et la rigueur de l’information. À l’ère des #FakeNews, jamais les agences de presse et les rédactions et entreprises de presse n’ont eu autant intérêt commun à défendre ensemble la crédibilité de l’info ? Jamais elles n’ont eu autant intérêt à converger, ne serait-ce que dans leurs pratiques. Autrement dit, quitte à faire hurler les loups, considérant qu’au cœur de la communication, il y a « la primauté des faits et du contenu », les agences de relations presse ne devraient-elles pas s’inspirer du journalisme comme le suggère Renaud Czarnes, maître de conférences à l’IEP de Paris ? Ce n’est pas rien pour des agences de relations presse. Comment oser questionner ses clients ? Comment leur poser des questions qui peuvent les fâcher ? Ces agences doivent-elles aller jusqu’à vérifier elles-mêmes dans la mesure de leurs moyens les éléments de communication qui leur sont fournis par leur client annonceur ? Tout est question de déontologie et d’éthique, mais aussi de courage et d’engagement justement en faveur d’une haute conception de son rôle au service de l’information destinée à ses publics.
Enfin, s’il est un terrain sur lequel tous acteurs de l’information et militants contre les #FakeNews, nous pourrions et devrions agir, c’est celui de l’incitation à la redécouverte de l’esprit critique. Dans les établissements scolaires évidemment mais pas seulement. Dans les entreprises, dans les administrations, partout où il est possible de toucher du public, il est essentiel d’expliquer ce qu’est une information, ce qui en fonde le crédit, ce qu’est un média, comment il fonctionne, comment aussi il est important de connaître et d’user et d’abuser de clés de compréhension et de décryptage d’une image, d’une vidéo, d’identifier une source, d’en déceler le cas échéant les intentions cachées…
Des premières actions très concrètes pourraient être mises en œuvre rapidement par nous tous.
Chez plus2sens, depuis sa création il y a 13 ans, nous considérons que notre raison d’être est l’information. Avec une mission : comment créer de la valeur chez nos clients et nos partenaires des médias grâce à la co-construction et à la diffusion d’une information fiable, pertinente, crédible, sincère et authentique.
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Rédaction : Raphaël Eulry - Directeur stratégie chez plu2sens